L’épreuve de force, dans les cas où cette dernière est très inégalement répartie, peut tenir en une simple évaluation. Si ce dernier veut sortir victorieux de ce combat constant avec l’imprévu, deux qualités lui sont indispensables : d’abord, une intelligence qui, dans cette obscurité plus intense, garde quelque vestige de cette lumière intérieure qui le guide vers la vérité ; ensuite, le courage de suivre cette faible lueur. Interrogeons-nous d’abord sur l’objectif que doit viser la guerre tout entière pour être le moyen approprié à la fin politique. Comme les deux adversaires ne sont plus de purs concepts mais des Etats et des gouvernements individuels, la guerre n’est plus un déroulement idéal de l’action mais une action qui suit son propre déroulement. Il remplace la fin et l’écarte en quelque sorte comme n’appartenant pas à la guerre elle-même. (33). Puisque l’utilisation de la violence physique dans toute son ampleur n’exclut en aucune manière la coopération de l’intelligence, celui qui se sert de cette violence avec brutalité, sans épargner le sang, l’emportera forcément sur l’adversaire qui n’agit pas de même. L’élément dans lequel l’activité militaire se meut est le danger ; et quelle est parmi les forces de l’âme celle qui prime dans le danger ? Or, dans l’engagement, toute activité est dirigée vers la destruction de l’adversaire, ou plutôt de ses forces armées ; cela constitue le concept même de l’engagement. En premier lieu, il peut s’agir de l’indifférence face au danger ; qu’elle provienne de la constitution de l’individu, du dédain de la vie ou de l’habitude, c’est en tout cas un état permanent. Car si la guerre est un acte de violence engagé pour contraindre l’adversaire à se soumettre à notre volonté, elle devrait donc toujours et uniquement aboutir à défaire l’adversaire, c’est-à-dire à le rendre incapable de se défendre. Dans ce cas, la majeure partie du territoire sera conquise, voire le territoire entier. Pour soumettre l’adversaire à notre volonté, nous devons le placer dans une position plus défavorable que le sacrifice que nous exigeons de lui. Ces relations peuvent être espacées, le versement être rare, il devra pourtant toujours être effectué. La pure intelligence n’est pas courage, car nous voyons souvent les gens les plus intelligents demeurer sans aucune résolution. Download it once and read it on your Kindle device, PC, phones or tablets. Ce qu’est la guerre, comment fin et moyen y agissent, comment dans la réalité elle s’écarte plus ou moins de son rigoureux concept originel en fluctuations diverses, tout en demeurant cependant toujours soumise à ce concept (67) rigoureux comme à une loi suprême- tous ces acquis doivent s’ancrer dans notre esprit et y demeurer quand nous examinerons chacun de nos prochains objets d’étude. Le courage et la confiance en soi sont donc des principes absolument essentiels à la guerre. En plus de ces deux méthodes, il existe encore trois autres voies directes, propres à accroître la dépense de force de l’adversaire. Nous affirmons que la simple réunion d’un discernement supérieur et des sentiments requis ne suffit pas à créer la résolution. Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Carl von Clausewitz. L’imprévisible conserve partout une latitude, aussi large dans les plus grandes que dans les plus petites circonstances. Ces trois tendances, qui apparaissent comme autant de systèmes de lois différents, sont profondément enracinées dans la nature du sujet tout en étant de grandeur variable. Mais cela nous conduit à une question d’une autre nature, qu’il nous faut encore développer et à laquelle nous devons répondre. Mais naturellement, les désavantages de cette position ne doivent pas être temporaires, en apparence du moins, car l’adversaire n’aurait sinon qu’à attendre un moment plus propice, sans céder. Toutes ces tendances de l’âme recherchent l’imprévisible, car c’est leur élément. Cette volonté n’est pas quelque chose de complètement inconnu ; elle annonce ce qu’elle sera demain par ce qu’elle fut aujourd’hui. Si l’un a intérêt à agir, l’autre doit avoir intérêt à attendre. Document établi par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE), (Edition de référence : Rivages poche/ Petite Bibliothèque. On n'accusera pas les Editions Médicis de manquer d'opportunité, lorsqu'elles nous présentent un Ihre intitulé : Les Fondements théoriques de la guerre et de la paix en V. R. S. S. Premièie originalité : l'auteur n'est pas français^. Il n’en existe qu’un seul : le combat. Les Fausses confidences de Marivaux. Dans combien de ces cas la décision dont l’issue ne fut pas sanglante fut-elle justifiée, c’est-à-dire dénuée de contradiction interne ? « La petite guerre selon Clausewitz, à travers sa réflexion sur la guerre d’avant-postes » Pour l’instant, il nous importe seulement de montrer que, dans certaines conditions, d’autres voies vers le but sont possibles, qu’elles ne relèvent pas d’une contradiction interne, et qu’elles ne sont pas des absurdités ni même des erreurs. Ce terme n’est pas choisi simplement pour définir la chose et qu’il n’est pas aussi figuré qu’il y paraît à première vue. Mais par la multiplicité de ses emplois, il nous introduit dans toutes les voies différentes permises par la multiplicité des fins. La question se pose maintenant de savoir comment on peut exercer une influence sur les probabilités de succès. L’invention de la poudre, le développement continu des armes à feu montrent suffisamment qu’en progressant la civilisation n’a absolument pas entravé ou détourné la tendance sur laquelle repose le concept de la guerre, celle d’anéantir l’ennemi. Le concept d’usure par le combat comprend un épuisement progressif des forces physiques et de la volonté, produit par la durée de l’action. Plus le sacrifice que nous exigeons de notre adversaire est petit, plus nous pouvons nous attendre à ce que ses efforts pour nous le refuser soient minces. En effet, une telle activité ininterrompue enflammerait encore plus les passions, exaspérerait dans la guerre le degré de fureur, multiplierait sa force élémentaire. Nous réserverons par la suite un chapitre entier à ce principe ; mais il nous faut ici dire à son sujet ce qui suit. Mais on présuppose ici aussi qu’on a toujours tenu compte de la particularité de chacun des Etats impliqués dans l’action. La première est l’invasion, c’est-à-dire la conquête de provinces ennemies sans intention de les conserver, mais pour y lever des contributions de guerre ou pour les ravager. Cette fin ne pourra  cependant être une mesure en soi. Dans une conjoncture de motifs et de tensions très faibles, on peut imaginer qu’une probabilité légère, à peine perceptible, suffise pour pousser à capituler celui auquel elle est défavorable. Toute guerre cependant se réduirait nécessairement à une seule décision ou à une série de décisions simultanées si les moyens destinés au combat étaient tous, ou pouvaient tous être déployés en même temps. Notre affirmation pourrait sembler surprenante à ceux qui connaissent beaucoup d’officiers de hussards révolus, sans être pour autant de grands penseurs. Mais nous savons que l’action militaire ne possède jamais ou rarement cette continuité. Nous voyons donc que la guerre n’est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique, une continuation des relations politiques, un accomplissement (43) de celles-ci par d’autres moyens. Car les deux s’interpénètrent jusque dans les moindres détails et sont donc inséparables. Une théorie qui voudrait négliger l’une d’elles ou qui chercherait à établir entre elles un rapport arbitraire, entrerait immédiatement dans une telle contradiction avec la réalité qu’il faudrait pour cette seule raison la considérer comme nulle. (47), [1] Les guerres napoléoniennes et révolutionnaires (N.d.T. Parmi les trois objets que nous avons énumérés, les forces armées sont destinés à défendre le territoire. Que le moyen soit coûteux, cela est en soi compréhensible. La guerre  n’éclate pas subitement. DE LA GUERRE (VOM KRIEG) de Carl von CLAUSEWITZ (programme CPGE scientifiques 2014-2016): texte intégral, 2e partie. Il n’y a pas de pire position pour un belligérant que de se trouver dans l’incapacité complète de se défendre. Or, ce qu’elle perd en efficacité du fait de son acte unique, elle le récupère dans le temps, donc dans la durée du combat. Tout ce qui se produit dans la guerre passe par les forces armées ; or l’emploi des forces armées, c’est-à-dire d’hommes en armes, repose nécessairement sur l’idée de combat. Les passions qui s’enflamment dans la guerre doivent déjà exister dans les peuples. Il peut donc se tromper dans le jugement qu’il porte sur elle et, en conséquence, croire que l’action revient à l’adversaire alors que c’est en réalité à lui d’agir. Mais cet ordre n’est nullement nécessaire, et pour cette raison il ne prévaut pas toujours. Car si l’on envisage la politique comme l’intelligence de l’etat personnifié, parmi toutes les constellations que son calcul doit comprendre il faut aussi inclure celles où la nature de toutes les circonstances provoque une guerre du premier genre. Or le courage peut très bien s’accorder avec le calcul avisé, mais ce sont deux qualités de nature différente, qui relèvent de deux facultés distinctes de l’âme. Car, toutes choses étant égales par ailleurs, la dépense de nos propres forces armées est toujours (63) d’autant plus grande que notre intention est d’anéantir celles de l’ennemi. Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Carl von Clausewitz. L’engagement n’aura alors pas lieu, et le plus faible cèdera aussitôt. La  fin politique ne peut donc servir de mesure que si nous tenons compte de son influence sur les masses qu’elle doit mettre en branle. Lorsqu’on (46) embrasse l’ensemble de ses manifestations et qu’on se rapporte aux tendances qui y règnent, elle est aussi une étonnante trinité. (36). En revanche, si notre intention n’est pas de vaincre les forces armées ennemies, et si nous sommes persuadés que l’ennemi ne cherche pas la voie de la décision sanglante, mais qu’il la redoute, l’occupation d’une province faiblement ou nullement défendue est déjà en soi un avantage. Durant la guerre de Sept Ans, Frédéric le Grand n’aurait jamais été en mesure de défaire la monarchie autrichienne ; et eût-il cherché à le faire, à la manière d’un Charles XII, qu’il serait allé immanquablement à sa perte. Il est donc impossible d’introduire dans la philosophie de la guerre un principe de modération sans commettre une absurdité. La polarité réside donc dans ce qu’elles recouvrent toutes les deux, dans la décision et non dans l’attaque ou la défense en elles-mêmes. Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Carl von Clausewitz. Car elle a précisément affaire à un extrême, à un conflit de forces livrées à elles-mêmes, qui ne suivent pas d’autre loi que leurs lois propres. La théorie doit prendre en compte l’humain, et donner aussi leur place au courage, à la hardiesse, et même à la témérité. C’est donc la première, la plus vaste de toutes les questions stratégiques ; nous l’examinerons plus précisément par la suite en traitant du plan de guerre. Notons à cette occasion que l’expression « destruction des forces armées ennemies » ne sera entendue par la suite qu’en ce sens. De très nombreux généraux ont commis cette erreur et en ont péri. Cependant, l’activité militaire se divise en deux formes : l’attaque et la défense, qui sont, comme nous le prouverons objectivement plus loin, très différentes et de force inégale. Plus les motifs et les tensions sont infimes, plus les circonstances dont elle émane font qu’elle se prête à ce calcul, et plus la guerre ira dans le sens de cette libération. Même lorsque c’est le cas, la conclusion de la paix en elle-même éteint toujours une multitude de braises qui seraient restées secrètement ardentes. Carl von Clausewitz De la guerre. Si dans la guerre nous laissons sa durée à chaque action, il nous faut admettre- au moins à première vue- que tout laps de temps qui n’appartient pas à cette durée, c’est-à-dire toute cessation momentanée dans la poursuite de l’acte militaire, paraît absurde. Si nous allons plus loin dans ce que la guerre exige de ceux qui s’y consacrent, nous rencontrons, dominante, la puissance intellectuelle. La première de ces trois composantes se rapporte davantage au peuple, la deuxième au général et à son armée, la troisième au gouvernement. Il n’y a dans la guerre qu’ un seul moyen, l’engagement. Quoi qu’il en soit, il faut toujours considérer qu’avec la paix la fin est atteinte et que la guerre a achevé sa tâche. Plus le principe belliqueux est faible, plus elles seront longues. Il est certes possible de faire manœuvrer simultanément toutes les forces armées mobiles, mais pas toutes les forteresses, les fleuves, les montagnes, les habitants, etc., bref le pays tout entier, sauf s’il est petit au point d’être totalement englobé par le premier acte de guerre. À la dualité de la guerre chez Clausewitz répond à une dualité du politique,4 qui n‟est pas envisagée en tant que telle par le stratège prussien, mais sur laquelle il convient de s‟arrêter car elle aide à comprendre sa réception et le retournement de la Formule par Car dans la réalité, lorsque les motifs sont faibles, les nuances les plus fines décident souvent de la modalité d’emploi de la force. Mais tous les autres effets de la résistance ennemie sont dirigés sur les combattants qu’il commande et réagissent sur lui par leur intermédiaire. Voici qu’un objet que nous avions écarté de notre réflexion (depuis le paragraphe 2) revient ici de lui-même en considération : la fin politique de la guerre. Par conséquent, la cessation de l’acte militaire doit être possible, c’est-à-dire ne pas être en soi une contradiction. Aussi insignifiantes que soient les revendications politiques des deux adversaires, aussi faibles les moyens mobilisés, aussi minime l’objectif qu’ils fixent à l’acte militaire, cet acte ne peut-il cesser ne serait-ce qu’un instant ? Carl Philipp Gottlieb von Clausewitz, né le 1er juin 1780 à Burg, près de Magdebourg, et mort le 16 novembre 1831 à Breslau (de nos jours Wrocław, Pologne), est un officier général et théoricien militaire prussien. Présentation et traduction de Nicolas Waquet), (Entre ( ) numéros des pages dans cette édition). Si les deux parties se sont armées pour combattre, c’est qu’elles y furent poussées par un principe d’hostilité. Il faut savoir mesurer d’un regard l’écart qui sépare une guerre d’anéantissement, où l’on se bat pour l’exigence de la nation, d’une guerre où l’on obéit aux exigences désagréables d’une (57) alliance conclue de force ou devenue caduque. Questionnaire de lecture, 1ère partie. Nul n’a le droit de lui en faire grief, si ses hypothèses sont parfaitement fondées et aptes à mener au succès. L’engagement est, dans la guerre, l’élément qui a d’abord et le plus souvent attiré l’attention. Telle est la guerre, tel est le général qui la commande, telle est la théorie qui la régit. Nous voyons donc que, dans le fond, l’absolu, la prétendue mathématique, ne trouve aucune base ferme pour les calculs de l’art de la guerre. Leurs plus grands noms, comme ceux de tous les peuples qui se sont illustrés dans la guerre, sont toujours justement apparus à des époques de haute culture. En tant que mobile initial de la guerre, la fin politique sera donc la mesure aussi bien de l’objectif à atteindre par l’acte militaire, que des efforts nécessaires. Nous examinerons tout cela par la suite. Référons-nous ici à l’influence inéluctable qu’exerce un grand acte de destruction (une grande victoire) sur tous les autres affrontements : c’est précisément là que l’élément moral, celui qui est le plus fluide, si l’on peut dire, se répand plus facilement dans tous les membres de l’armée. Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés. La théorie commençait à s’engager dans cette direction lorsque les événements des dernières guerres[1] en montrèrent une meilleure. (34). De même, la conquête des provinces obéit à une autre mesure si elle ne vise pas la défaite de l’ennemi. Comme cela coïncide avec le degré supérieur de civilisation, ces peuples produisent donc toujours les plus brillantes manifestations de l’art militaire, (70) comme les Romains et les Français l’ont prouvé. Cela ne peut manquer d’avoir une influence sur ses plans, ou au moins sur les idées qui y contribuent. On pourrait considérer toutes ces manifestations (77) de la nature héroïque comme une seule et même force de volonté, qui se modifierait selon les circonstances. Lorsque l’on pense à la structure complexe d’une grande force armée, à la multitude de détails qui surgissent avec son déploiement dans la réalité, on conçoit que le combat d’une telle force armée suppose lui aussi une structure, une subdivision et une combinaison complexes. Après cette conquête, son objectif politique est atteint, la nécessité de l’action prend fin, pour lui vient le temps du repos. Nous réitérons notre thèse : la guerre est un acte de violence, et l’emploi de celle-ci ne connaît pas de limites. Dans la résistance pure, l’intention positive fait défaut. Plus les motifs de l’action sont faibles, plus ils seront engloutis et neutralisés par cette différence entre l’attaque et la défense, et donc plus l’acte militaire sera fréquemment interrompu, comme nous l’enseigne l’expérience. Mais la fin politique n’est pas pour autant un législateur despotique, elle doit s’adapter à la nature de son moyen. Dès que l’individu voit ses forces s’épuiser, que sa volonté personnelle ne parvient plus à les stimuler ni à les conserver, l’inertie de la masse pèse alors de plus en plus sur la volonté du commandant. Les Fausses confidences de Marivaux. Cette qualité joue un rôle majeur dans le royaume de l’imprévu qu’est la guerre car elle n’est rien d’autre qu’une capacité supérieure à vaincre l’imprévisible. Le second point donne lieu aux observations suivantes. Ceci est valable pour les efforts que la fin politique suscite dans les deux Etats ainsi que pour l’objectif qu’elle doit assigner à l’action militaire. suivi de deux textes inédits Notes sur Clausewitz de Lénine et Conférences sur la petite guerre de Clausewitz. Tels sont les poids dont le courage et la force d’âme du chef doivent venir à bout dans le combat s’il veut accomplir de grandes choses. La destruction de la force armée ennemie est donc le fondement de toute action militaire, l’ultime point d’appui de toutes les combinaisons, qui reposent sur elle comme l’arc sur ses piédroits. Si nous constatons donc qu’il y eut des guerres entre des Etats de puissance très inégale, c’est parce que la guerre dans la réalité est souvent très éloigné de son concept originel. Si l’on songe cependant que l’on est toujours beaucoup plus enclin et contraint à surestimer les forces de son adversaire et à sous-estimer les siennes- car c’est un trait de la nature humaine- on conviendra alors que l’examen imparfait de la situation doit, en général, énormément contribuer à entraver l’action militaire et à modérer son principe. Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Carl von Clausewitz. Plus les motifs de guerre sont grandioses et puissants, plus ils embrassent l’existence entière des peuples, plus la tension qui précède la guerre est violente, alors plus la guerre se rapprochera de sa forme abstraite, plus il s’agira de terrasser l’ennemi, plus l’objectif militaire et la fin politique coïncideront ; la guerre enfin semblera d’autant plus purement militaire et d’autant moins politique. Preface by Beatrice Heuser. On considère couramment la première comme la plus militaire, et la deuxième plutôt comme la voie politique. ‎Théorie de la grande guerre Carl von Clausewitz, officier et théoricien militaire prussien (1780-1831) Ce livre numérique présente «Théorie de la grande guerre», de Carl von Clausewitz, édité en texte intégral. Si nous voulons pouvoir nous battre plus longtemps que l’adversaire, nous devons nous contenter de fins aussi modestes que possible. L’essence de la guerre, dit ainsi Clausewitz, est le duel ; la guerre est proprement « un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » (VK 51). Dans les cas particuliers, cela dépend des circonstances, en revanche nous n’avons pas encore déterminé cette importance d’un point de vue général. Car il peut se révéler préférable de combattre défensivement dans ce futur défavorable, plutôt que de livrer maintenant une bataille offensive ou de conclure la paix. Cela exigerait un effort de la volonté disproportionnée par rapport à la fin visée, donc impossible à susciter. Dès que cela cesse, dès que son propre courage n’est plus assez ferme pour ranimer celui de tous les autres, alors la masse l’attire vers elle, elle l’entraîne dans les sphères intérieures de l’animalité, qui fuit devant le danger et ignore la honte. Il est possible de déterminer l’ampleur des moyens dont il dispose, vu qu’elle repose sur des chiffres (quoique pas totalement). Qui plus est, l’étude des cas concrets nous montre qu’il en existe toute une catégorie où terrasser l’adversaire serait un jeu stérile de l’imagination, lorsque l’adversaire est en effet considérablement plus puissant. La première est l’improbabilité du succès, la seconde son prix trop élevé. On voit donc que cette voie, l’usure de l’adversaire, inclut le grand nombre des cas où le plus faible résiste au plus fort.